Venezuela

Ohad Naharin / Batsheva Dance Company

La dernière création du maître israélien était attendue avec impatience. Alternant calme et tempête, Ohad Naharin surprend encore, renouvelant sa danse avec panache, force et engagement.

Installés à Tel Aviv depuis 1990, Ohad Naharin et sa célèbre Batsheva Dance Company sont reconnus comme  l’une des expériences chorégraphiques les plus passionnantes au monde.  Fondée par Martha Graham en 1964, la compagnie lie un recrutement haut de gamme à une gestuelle identifiable entre toutes. Elle fait figure de ballet national en Israël. Si le maestro Naharin a laissé la direction artistique de la Batsheva en 2018, il en reste le capitaine et le guide.
Dans Venezuela, créé en 2017, l’inventeur du fameux entraînement « Gaga » et ses danseurs explorent le dialogue tout autant que le conflit entre le mouvement et sa signification. Leurs armes ? Cette danse ultra-énergique constituée de sauts et d’ensembles, de corps secoués et de portés sauvages. Le chorégraphe a imaginé une pièce articulée en deux phases, personnifiés par une bande-son hors du commun : à la gravité des chants grégoriens de la première partie se disputent la prière païenne du rap de Notorious B.I.G. ou le tourbillon rock des Rage Against the Machine dans le second acte. Les danseurs changent, le mouvement se donne
à voir avec des angles différents.
L’urgence de cette double gestuelle exubérante et rageuse fait de Venezuela une pièce évidemment politique, Ohad Naharin réinventant inlassablement les règles de son propre langage chorégraphique pour combattre ou exprimer la violence du monde.

Chaque interprète de la Batsheva a son propre solo, dont les énergies apparaissent comme des flashs : sculptures éphémères d’équilibres, de soubresauts, de gestes aigus et décisifs. Les mouvements inspirés par le chorégraphe à sa troupe sont ici sans doute moins ronds et moins voluptueux qu’avant. Signe des temps ? Télérama