Le Grand Débat

Émilie Rousset / Louise Hémon / Cie John Corporation

Dans un dispositif original, deux comédiens (Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux) rejouent les débats présidentiels de 1974 à 2017, rituels cathodiques autant qu’événements politiques majeurs de notre époque. Filmés, montés puis projetés en direct sur un écran, les fameuses joutes oratoires se révèlent… absolument théâtrales !

Depuis 2015, la metteure en scène Emilie Rousset et la réalisatrice Louise Hémon ont initié la série Rituels, une collection évolutive de spectacles et de films qui ausculte les rites de notre société, en jouant avec les codes du théâtre et du cinéma documentaire.
Leur quatrième collaboration, Le Grand débat, recrée un débat télévisé de second tour des élections présidentielles, écrit à partir de morceaux choisis d’archives de 1974 à 2017. Le dispositif du plateau de tournage et les codes de l’émission en direct sont remis en scène, installés et tournés à vue.
Autour d’une table, deux comédiens face à face, Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux, rejouent ces fragments sous l’œil du public et des caméras. Monté en direct, le film est projeté au-dessus des acteurs en train de jouer. Ainsi, la parole circule entre les différentes époques et protagonistes : messieurs Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Jospin, Sarkozy, Hollande et Macron, mesdames Royal et Le Pen…
Le Grand débat fonctionne finalement comme une pièce de théâtre dont on connaît les personnages, le décor, le dénouement. Mais à travers cette écriture par collages, Emilie Rousset et Louise Hémon créent des rapprochements, des sauts historiques, qui proposent aux spectateurs une écoute différente. « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Reconnaître telles ou telles paroles, en apprécier le contenu dans un autre contexte, avec une perspective nouvelle est indéniablement ludique. Et fascinant ! A noter que l’humour sera, croyez-le, également au rendez-vous !
Cet ultime débat, mêlant rhétorique et adrénaline, est devenu un véritable rituel moderne avec ses règles très codifiées. Mais est-ce un rituel de la démocratie… ou une « fabrication du réel » télévisuelle ?