Dans une contrée de légende, règne un dragon terrifiant. Trop lâches ou trop humains, les habitants préfèrent s’y soumettre, apeurés et résignés. Lancelot, « héros professionnel », arrive en ville. Sa spécialité : éliminer les monstres en tous genres ! Sera-t-il de taille à combattre la bête ? Thomas Jolly, de retour à La Coursive après y a voir présenté Thyeste en 2019, met en scène ce conte politique grinçant non dénué d’humour.
Écrite entre 1940 et 1944 par le dramaturge Evgueni Schwartz, la pièce se voulait une parabole anti-nazie. Mais la censure russe ne s’y trompa pas en l’interdisant, y voyant surtout une dénonciation malicieuse de l’URSS stalinienne des années trente-quarante.
Car sous le masque de la fable se cache un vibrant appel à la liberté. Et au courage. Lorsqu’on connaît le goût de Thomas Jolly pour les figures monstrueuses, le verbe précis et les grands formats, il n’est guère étonnant de le voir chevaucher ce Dragon.
Révélé en 2014 à Avignon par son gargantuesque Henry VI, marathon shakespearien éblouissant de dix-huit heures, Thomas Jolly pense le théâtre comme un art citoyen et un choc spectaculaire. Tout ce qui fait la force habituelle de son théâtre sera convoqué au banquet du Dragon : une grande histoire aux multiples résonances, une théâtralité foisonnante et surnaturelle, portée par une large distribution, un déploiement scénographique intense et des effets magiques… Attention aux retours de flammes !