La Coursive participe pour la deuxième fois à La Nuit des idées, manifestation organisée par l’Institut français dans le monde entier. Une nuit pour échanger, apprendre, dialoguer. Une nuit dans le monde pour penser ensemble. Pour sa quatrième édition, La Nuit des idées fera Face au présent. De quoi notre présent est-il fait ? Comment faire face à ce que notre présent exige ? Face au présent, quelle mémoire, quel avenir et quelles ressources ?
En partenariat avec l’Institut français, L’Université de La Rochelle, l’Espace culture de l’Université de La Rochelle et le Centre Intermondes, La Coursive organise pour vous trois débats : le jeudi 31 janvier 2019, au Théâtre Verdière, à partir de 18h.
Programme
18h – 19h30 // L’Europe face au débat de l’identité culturelle
Par François Jullien – Conférence et débat avec le public
19h30 – 19h45 // Pause
19h45 – 20h15 // Face au Brésil : penser la ville de demain
Par Humberto Kzure-Cerquera, architecte brésilien en résidence au Centre Intermondes, et Laurent Vidal, professeur à l’Université de La Rochelle – Conférence et échange avec le public
20h15 – 20h45 // Pause restauration
20h45 – 22h30 // Face au présent : mémoire, représentations et responsabilité
Table ronde organisée par l’Université de La Rochelle, l’Espace culture de l’Université de La Rochelle, en partenariat avec une équipe pluridisciplinaire de sept enseignants-chercheurs. (10 mn par intervenant + questions du public et quizz entre les présentations)
Toutes les conférences sont libres d’accès (dans la limite des places disponibles).
Petite restauration sur place pendant la soirée assurée par l’association Remplir les Ventres pas les Poubelles : Soupes, gratins de légumes, tartinades, desserts… Participation libre
Avec la participation des étudiants master DPAN, Afev et SPI et de la librairie Rebelles Ordinaires
A vos idées, prêts ? Débattons ensemble !
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Conférence François Jullien
L’EUROPE FACE AU DÉBAT DE L’IDENTITÉ CULTURELLE
Philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l’Université Paris-Diderot et titulaire de la Chaire sur l’altérité au Collège d’études mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme.
Dans son essai paru en 2016, Il n’y a pas d’identité culturelle, François Jullien s’oppose au concept figé d’identité culturelle et défend celui de «ressources culturelles», qui se tarissent pareillement aux ressources naturelles, n’appartiennent à personne – ou à tous– et méritent d’être protégées avec autant de force que la biodiversité. Des ressources culturelles en perpétuelle mutation, comme la langue, mais menacées par la mondialisation et le communautarisme. Elles ne sont pas exclusives, comme le sont des «valeurs»; elles ne se prônent pas, ne se «prêchent» pas mais on les déploie ou l’on ne les déploie pas, et de cela, chacun est responsable.
Une pensée hors des sentiers battus, sans concession, à la fois savante et combative, destinée à endiguer la dérive identitaire, notamment en Europe, à résister à la menace de l’uniformisation et à contrer un argumentaire politique simpliste.
Le débat de l’identité culturelle traverse l’Europe entière. Il concerne, plus généralement, le rapport des cultures entre elles en régime de mondialisation. Or on se trompe ici de concepts : il ne peut être question de « différences », isolant les cultures, mais d’écarts maintenant en regard et promouvant entre eux du commun ; ni non plus d’ « identité », puisque le propre de la culture est de muter et de se transformer, mais de fécondités ou ce que François Jullien appelle des ressources. Le philosophe ne défend donc pas une identité culturelle française ou européenne impossible à identifier, mais des ressources culturelles françaises ou européennes, « défendre » signifiant alors non pas tant les protéger que les exploiter. Car s’il est entendu que de telles ressources naissent en un milieu et dans un paysage, elles sont ensuite disponibles à tous et n’appartiennent pas. Elles ne sont pas exclusives, comme le sont des « valeurs » ; elles ne se prônent pas, ne se « prêchent » pas, mais on les déploie ou l’on ne les déploie pas, et de cela chacun est responsable. Un tel déplacement conceptuel obligeait, en amont, à redéfinir ces trois termes rivaux : l’universel, l’uniforme, le commun, pour les sortir de leur équivoque. En aval, à repenser le « dialogue » des cultures : dia de l’écart et du cheminement ; logos du commun de l’intelligible. À se tromper de concepts, on s’enlisera dans un faux débat, qui d’avance est sans issue.
François Jullien, né en 1951 à Embrun (Hautes-Alpes), est un philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l’université Paris-Diderot, titulaire de la Chaire sur l’altérité au Collège d’études mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme et directeur de l’Institut de la pensée contemporaine. Il est l’un des grands penseurs de l’écart entre l’Orient et l’Occident. Il est l’auteur de nombreux essais, dont Les Transformations silencieuses (Grasset, 2009), Philosophie du vivre (Gallimard, 2011), De l’intime, loin du bruyant amour (Grasset, 2013), Vivre en existant. Une nouvelle éthique (Gallimard, 2016) et La Seconde vie (Grasset, 2017). Son travail est traduit dans plus de vingt-cinq pays. En 2010, il a reçu en Allemagne, le Prix Hannah Arendt pour la pensée politique et, en 2011, le Grand prix de philosophie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
Centre Intermondes
FACE AU BRÉSIL : PENSER LA VILLE DE DEMAIN
Par Humberto Kzure-Cerquera, architecte brésilien en résidence au Centre Intermondes, et Laurent Vidal, professeur à l’Université de La Rochelle – Conférence et échange avec le public.
Entre l’architecte cinéphile et l’enseignant-chercheur spécialiste du Brésil, se noue un dialogue autour des thématiques de la nouvelle urbanité. Quelle place aura la ville de demain dans nos vies ultra-connectées? Quelles architectures, quels moyens de locomotion, quelles mixités sociales et culturelles sont susceptibles de naître d’un pays en pleine mutation, capable d’avoir fait sortir de terre il y a cinquante ans, une capitale moderne de la stature de Brasilia?
Une conversation riche de promesses, à l’heure où le Brésil semble avoir choisi de s’inventer un avenir bien incertain.
Humberto Kzure-Cerquera est architecte et urbaniste. Sa thèse de doctorat explore « la ville et le cinéma », et plus particulièrement les représentations urbaines de Berlin et de Rio-de-Janeiro chez Wim Wenders et Nelson Pereira dos Santos. Il possède également une formation en cinéma (Ecole de cinéma Darcy Ribeiro – Rio de Janeiro). Il a réalisé le court-métrage Areia, qui a été sélectionné à la Mostra Internacional Ecofalante de São Paulo. Il a exposé en 2002 à la Biennale de Venise, en 2003 à la Mostra Internacional Rio Arquitetura, et à trois reprises à la Biennale Internationale d’Architecture de São Paulo. Il a été récompensé par la Biennale de Lima en 2004.
Table ronde enseignants-chercheurs / Université de La Rochelle
FACE AU PRÉSENT : MÉMOIRE, REPRÉSENTATIONS ET RESPONSABILITÉ
De la représentation du temps dans nos sociétés consuméristes à celle des pays d’Amérique du Sud marqués par les dictatures militaires, de l’accélération de l’information à la lenteur comme moyen de subversion, une table ronde foisonnante menée par sept enseignants-chercheurs de l’Université de La Rochelle.
- Elodie CHAZALON, maître de conférences en études américaines, CRHIA (présentation et modération)
Un « présent » à multiples facettes : définitions, représentations et injonctions paradoxales
Le champ lexical associé au « présent » souligne la polysémie abyssale de cette notion dans nos sociétés occidentales post-industrielles. Afin de montrer à quel point le « présent » est polymorphe, nous parcourrons des exemples concrets à trois niveaux entrecroisés : les représentations culturelles du « présent » (temps perçu), l‘expérience (individuelle ou collective) du « présent » (temps vécu), et les injonctions paradoxales de nos sociétés consuméristes, oscillant entre dictature de la présentification et impératif d’urgence.
- Magalie FLORES-LONJOU, maître de conférences en Droit public / Jeanne LALLEMENT, maitre de conférence en Sciences de gestion / Arnaud REVEL, professeur des Universités en Informatique.
Temps, mémoire et représentations
A chaque culture, chaque individu, une notion du temps différente. Quelle approche et représentations du temps avons-nous dans notre société ? Quelle perception avons-nous du temps, de la durée ? Quel lien peut-on faire entre la mémorisation et le temps ? Une tentative de réponse(s) en paroles, en expériences et images.
- Vincent COURBOULAY, maître de conférences en informatique, Laboratoire L3I
Numérique responsable, oxymore ou réalité ?
Un enjeu actuel est de mettre la transition numérique au service de la transition écologique. La convergence de ces deux transitions n’est pas seulement nécessaire pour accélérer la transition écologique, c’est aussi une opportunité pour faire des acteurs du numérique des piliers incontournables de l’économie de demain.
- Cécile CHANTRAINE-BRAILLON, professeure des universités, études théâtrales et arts de la scène d’Amérique latine, CRHIA
Théâtre contemporain du Cône Sud: incarner une mémoire traumatique
A l’instar de toute la littérature du Cône Sud, le théâtre entretient un rapport étroit avec l’histoire traumatique de la région, et notamment avec la période des dictatures militaires. En convoquant des corps sur scène et en sollicitant la participation du spectateur, il opère un travail de mémoire nécessaire et cathartique.
- Laurent VIDAL, historien, professeur des universités, CRHIA
Les hommes lents : discriminer et résister par le rythme (d’hier à aujourd’hui)
Il s’agira de retracer la généalogie d’un processus : l’attribution à certains individus ou groupes sociaux, dès l’aube de la modernité, d’une qualité discriminante : la lenteur. Et puisque « d’emblée une parole altère, provoque altérité » (P.Quignard), désigner l’autre comme lent n’est pas anodin. On pourra m’objecter que la figure sociale des hommes lents n’est jamais explicitement formalisée : c’est justement parce qu’elle constitue, le sous-texte des sociétés modernes, un sous-texte construit à grand renfort d’adjectifs disqualifiant qui tissent la trame d’un imaginaire de l’exclusion. Il faudra ensuite déborder ce constat et envisager la lenteur comme une subversion possible de la cadence rapide imposée par le rythme des échanges et du travail (un projet, en somme, de résistance ou de ré-existence, où les hommes lents chercheraient, à tâtons, par des ruptures de rythmes, la voie d’une autre existence possible).
Pause restauration avec l’association « Remplir les ventres par les poubelles »
« Remplir les ventres pas les poubelles » effectue de la sensibilisation au gaspillage alimentaire par la réalisation de « popotes » à partir de denrées destinées à être jetées et récupérées chez des commerçants, grandes surfaces et au marché de La Rochelle.
Retour sur l’édition 2018 :