La Mouche

d’après George Langelaan / Valérie Lesort / Christian Hecq

L’élastique sociétaire de la Comédie-Française, entrevu dans Le Malade imaginaire présenté à La Coursive en 2019, nous revient avec un OVNI scénique mêlant burlesque, théâtre et marionnette : La Mouche, inspirée tout autant d’un reportage culte de l’émission de télévision Strip-tease que du film de Cronenberg. Un spectacle totalement loufoque et volontiers bouleversant, visuellement époustouflant, récompensé par trois Molières en 2020.

Si l’on se souvient volontiers de l’adaptation du cinéaste canadien David Cronenberg, qui a durablement marqué la cinéphilie SF, on oublie souvent que La Mouche fut d’abord une nouvelle de l’écrivain franco-britannique (et ex-agent secret !) Georges Langelaan. C’est plutôt de ce récit-là, publié en 1957, couplé à l’anthologique épisode de l’émission belge Strip-tease, La Soucoupe et le perroquet, que les magiciens de la scène Christian Hecq et Valérie Lesort se sont inspirés librement pour concevoir cette adaptation de La Mouche.
Robert, vieux garçon mal dans sa peau, vit avec sa mère Odette (géniale Christine Murillo) dans une caravane avachie. Mais c’est dans le garage attenant que Robert passe le plus clair de son temps, mettant au point une machine extraordinaire, capable, espère-t-il, de télétransporter les gens. Après s’être fait la main sur un nain de jardin, un lapin obèse ou la chienne de Maman, sa première expérience humaine tourne au désastre. La police enquête. Alors Robert décide de devenir son propre cobaye… Jusqu’à ce qu’une toute petite mouche s’insère dans la cabine. C’est alors le début d’une transformation cauchemardesque.
Travail corporel et effets spéciaux bluffants, esthétique vintage, La Mouche est un laboratoire d’expérimentations scéniques et visuelles, un extraordinaire terrain de jeu tant pour ses créateurs-bricoleurs de génie que pour les spectateurs, scotchés à leurs fauteuils. Une fable hybride, aussi comique que cruelle, et dont la virtuosité, évidemment, fait mouche.

Le clou de cette Mouche, c’est évidemment Christian Hecq, son jeu aux tics et aux mimiques uniques, et sa transformation en créature diptère, une transformation à vue, insensible et saisissante, qui le verra ramper sur le mur du théâtre, en une image que l’on n’oubliera pas. LE MONDE

Drôle et terrible, inconfortable, mélancolique et émouvant. Entre trucage et numéro d’acteur incroyable, ils nous jouent un conte pour enfants pas dupes et pas sages. TELERAMA

Valérie Lesort et Christian Hecq mêlent leurs savoir-faire scéniques pour offrir une prodigieuse prestation visuelle et corporelle. LA CROIX