Avril 1945, printemps de la Libération. Marguerite Duras attend le retour de son mari, prisonnier des camps allemands. Elle ignore toujours s’il est encore vivant. Dans ses cahiers, elle consigne l’insupportable absence, la peur atroce, la honte de vivre, mais aussi la fièvre de l’espérance. Ne mangeant plus, ne dormant plus, elle attend, elle guette, elle cherche le moindre signe d’espoir. La guerre continue en elle, tandis qu’alentour la joie de la Libération éclate, lui explose en plein cœur.
Son mari reviendra, mais plus mort que vivant, dans un corps où la vie n’a plus de poids. Commencera alors le lent chemin de la résurrection…
Il y a quinze ans, Patrice Chéreau mettait en scène l’une de ses actrices fétiches, la saisissante Dominique Blanc, dans ce texte des plus troublants dont Marguerite Duras confessera avoir « oublié » l’écriture près d’un demi-siècle durant…
Depuis, la sociétaire de la Comédie-Française aux multiples César poursuit une tournée aux quatre coins du monde avec ce rôle qui lui a valu le Molière de la meilleure comédienne et qu’elle ne veut plus quitter.
Faisant résonner, jusque dans ses silences, ses soupirs, la simplicité et l’intensité de l’incandescente écriture durassienne, déchirante dans son dépouillement, loin de tout pathos, elle donne à entendre les regards qui interrogent les premiers revenants d’un ailleurs indicible, cette conscience aiguë d’un monde et d’une humanité qui ont péri dans les camps, balayés par la mort, par la barbarie. Un texte et une performance d’actrice saisissants.
Le Monde Fabienne Darge
L’Humanité
Télérama