Rendez-vous culte ! Jean-François Sivadier propose au spectateur de suivre de l’intérieur les répétitions de La Traviata de Verdi. Comme choriste sur scène, puis comme musicien dans la fosse d’orchestre. Une magnifique leçon de théâtre doublée d’une mise en abîme jubilatoire.
Vingt ans après sa première création, le metteur en scène a ainsi décidé de reprendre Italienne scène et orchestre, avec le même dispositif scénographique un peu fou et les mêmes comédiens, l’impressionnant Nicolas Bouchaud en tête. Et c’est fantastique.
Le spectateur devient alors témoin-acteur des répétitions de cet opéra. Chef tyrannique, diva capricieuse, assistante sous pression, musiciens dissipés… tout y passe ! Le public assiste aux éternelles querelles entre le plateau et la fosse, les mots et les notes, le metteur en scène et le chef d’orchestre. Le spectacle conçu comme une déclaration d’amour et de guerre au monde de l’opéra nous fait ainsi découvrir l’univers des coulisses, où tentent de s’accorder les ego des chanteurs, les aléas de la technique, et l’enfer du planning.
Avec cette mise en abîme du théâtre, cette abolition de la frontière entre acteurs et spectateurs, Jean-François Sivadier renverse littéralement le rapport scène-salle, pour finir par abattre le fameux quatrième mur avec délectation. Italienne scène et orchestre se vit avant tout comme une véritable expérience. Inoubliable.
Trois heures trente de pure jubilation. Italienne scène et orchestre est une folie collective, une mécanique de précision lancée à toute allure, un concentré de drôlerie et d’intelligence comme on en voit trop peu au théâtre. L’Humanité