Après Iliade et Odyssée, Pauline Bayle poursuit avec une audace éblouissante son travail d’exploration des grandes oeuvres de la littérature classique, en adaptant à la scène le roman-monstre de Balzac.
Lucien Chardon est un poète ambitieux. Sa ville natale d’Angoulême est devenue trop petite pour l’expression de son talent. Il lui faut désormais conquérir Paris. Parce que « là où l’ambition commence, les naïfs sentiments cessent », Illusions perdues sera à la fois le récit de son apprentissage et de son désenchantement.
En adaptant au théâtre ce roman, que Balzac qualifiait lui-même de « volume monstre », Pauline Bayle, étoile montante de la jeune garde du théâtre français, poursuit son travail sur les grands textes fondateurs de la littérature. Des livres qui ont façonné notre rapport au monde et continuent de nourrir notre imaginaire collectif. Après avoir exploré l’univers d’Homère avec les furieux Iliade et Odyssée (tous deux passés à La Coursive) et adapté Chanson douce, de Leïla Slimani, au Studio de la Comédie-Française, elle se plonge dans la Comédie humaine pour raconter l’ascension et l’effondrement d’un ambitieux.
Pauline Bayle prend le pari de construire ce récit initiatique, ancré dans la jungle du Paris de 1820. Toute la puissance narrative et les codes du monde balzacien se mêlent ici avec maestria au style épuré et sauvage, typique de la metteure en scène. Cinq acteurs effervescents, en costumes d’aujourd’hui, y incarnent avec rage la vingtaine de personnages qui peuplent les Illusions perdues. L’audace est belle, le résultat enthousiasmant. Pauline Bayle a créé un chef-d’oeuvre de théâtre, tout simplement.
Elle réussit un spectacle d’une force, d’une beauté, d’une tenue et d’une qualité dramaturgique exceptionnelles. LA TERRASSE