Quatre jeunes femmes investissent d’abord la scène, telles une bourrasque. Sur le mur noir du fond, elles vont graver dans l’urgence ce mot en forme de cri : « Désobéir ». Tour à tour, puis ensemble, d’une voix puissante, elles racontent leur quotidien. Par leurs récits et par la danse, elles arrachent des bouffées de liberté aux différents systèmes d’oppression : les traditions, la religion, les hommes et la famille. De ces bribes de vie, la metteure en scène tire une œuvre politique où désobéir devient salutaire. Une victoire sur le destin.
La pièce est inspirée d’un travail d’enquête durant lequel Julie Berès a rencontré des femmes issues de l’immigration, originaires de Kabylie, Iran, Turquie, Cameroun, dont elle a recueilli les témoignages. Enrichi des propres mots des quatre comédiennes, de leurs confidences, leurs souvenirs et leurs propres espérances, ce travail minutieux a été magnifié par l’apport littéraire du dramaturge Kevin Keiss et de l’écrivaine Alice Zeniter.
Jeunes guerrières de la vie moderne, elles s’interrogent sur le patriarcat violent, les injonctions de la société, le rapport à l’amour, la sexualité, le machisme et le racisme. De ce kaléidoscope de révoltes, elles font éclore une question fondamentale : comment s’inventer, se réinventer, en tant que femme au-delà du déterminisme social et culturel ? La force des corps et le réalisme des histoires révèlent, au-delà de l’intime des témoignages, le besoin de refuser certains héritages pour mieux explorer ses rêves. Un portrait choral et flamboyant, qui sonde l’universalité du féminin au travers de récits vibrants d’authenticité.