Entre conte philosophique et roman d’aventure, Candide est un révélateur de l’absurdité humaine, une belle âme utopiste de l’optimisme, qui jamais ne veut céder au désespoir ni au cynisme. La compagnie bordelaise de Julien Duval s’empare du génie de Voltaire pour mettre en scène son fabuleux voyage dans le monde des hommes cruels.
Chassé du château de son oncle pour avoir échangé un doux baiser avec sa délicate cousine Cunégonde, le jeune et naïf Candide se retrouve embarqué malgré-lui dans une série d’aventures aussi extravagantes que rocambolesques. Ses épiques voyages involontaires vont lui faire découvrir les coutumes et les croyances des hommes sur toute la planète. Tout y est-il vraiment « pour le mieux dans le meilleur des mondes » ? Pas sûr…
Julien Duval adapte et met en scène cette œuvre emblématique de Voltaire en lui conservant toute son ironie mordante. L’enchaînement de scènes courtes et de dialogues incisifs intensifie les situations à rebondissements et les enjeux politiques de ce vaste récit initiatique, succès du siècle des Lumières, qui dénonce l’obscurantisme de la société humaine de son époque et fait le pari du triomphe de l’intelligence.
Au cœur d’un décor modulable illustrant l’univers fantaisiste du conte, sept comédiens nous emportent dans la course folle d’un Candide confronté aux inepties humaines, peintes avec l’humour impertinent de Voltaire. Au bout de sa folle épopée, Candide s’en ira finalement cultiver son jardin. Avec son théâtre stimulant et plein de vie, Julien Duval nous invite, lui, à croire toujours en l’homme, malgré la succession de crises que nous traversons encore, et à ne surtout pas sombrer dans le pessimisme et la misanthropie.
De toutes les bagatelles (le mot est de lui) que Voltaire a écrites, Candide est peut-être la plus sulfureuse et la plus amusante. On trouve de tout dans ce conte fantastique : du sexe, du meurtre, de la guerre, de l’ennui, de l’esclavage, de la zoophilie, de l’amour parfois, de l’humour partout, du viol, de la vengeance, du hasard, de l’intégrisme et de la tolérance, bref, de la philosophie. Raphaël Enthoven