Olivia Grandville met le cap vers l’ouest, à la rencontre des musiques et des danses amérindiennes. Un pow wow, impulsé comme un battement de cœur, irrigue cette folle chorégraphie-hommage aux peuples natifs. Une transe s’empare des cinq danseuses et finit par gagner le spectateur, happé par cette cérémonie. À l’Ouest est une œuvre hypnotique et spirituelle.
Autour d’un igloo de bâche blanche, tipi précaire, les cinq danseuses entament cercles, spirales, marches et sauts en un rituel habité. En moonboots, tuniques à franges et casques de chasseresses, elles ravivent l’éclat de ces danses ancrées dans le sol, où les corps vibrent à coups de grandes enjambées et de tremblements. Les cycles envoûtants du percussionniste présent au plateau imposent le tempo, et constituent le cœur battant de la pièce.
Nourri du voyage qu’Olivia Grandville a mené du Québec au Nouveau-Mexique, À l’Ouest résonne d’une pulsation obstinée, celle-là même qui avait fasciné l’inclassable compositeur américain Moondog et qui continue d’incarner aujourd’hui la résistance et la spiritualité des peuples autochtones. Comme lui, elle déjoue les registres du savant et du populaire, du traditionnel et du contemporain, et les entremêle dans un dialogue vivant, tel un geste sacré, social et militant. Envoûtant.
La pièce est suivie de la projection du film documentaire Traverser les grandes eaux.
Pariscope