TRENQUE LAUQUEN PARTIE 1

Laura Citarella

Une femme disparaît. Deux hommes partent à sa recherche aux alentours de la ville de Trenque Lauquen. Ils l’aiment tous les deux et chacun a ses propres soupçons quant aux raisons de cette disparition. Les circonstances vont cependant se révéler plus étranges que prévues. En deux parties et douze chapitres, Trenque Lauquen croise les récits de ses différents personnages et cartographie une ville. De la découverte d’une ancienne correspondance amoureuse dans une bibliothèque à des mystérieuses apparitions près d’un lac, la Pampa n’a pas encore révélé tous ses secrets…

« Trenque Lauquen » est un labyrinthe fait de différentes intrigues, de détours et d’impasses. Comment avez(vous travaillé avec votre coscénariste et actrice principale Laura Paredes ?

LAURA CITARELLA : Lorsque nous avons commencé à réfléchir au scénario, nous savions que l’intrigue éclaterait et prendrait toutes sortes de tangentes, de détours. je voulais que la narration du film se disperse, à la façon des différents personnages. nous avons écrit une première version très linéaire, dont nous avons remanié la structure avec Laura pour incorporer cette « dispersion » qui nous attirait vraiment. nous savions qu’il y aurait deux hommes à la recherche d’une femme insaisissable, mais c’était à l’origine une courte intrigue à la toute fin du scénario. nous avons donc décidé de démarrer avec la fuite de laura par le point de vue d’un autre personnage. cette idée de raconter la même histoire à travers différentes perspectives était ce qui m’intéressait le plus, ainsi chaque élément revêt une signification différente pour chacun de mes personnages. P
ar ailleurs, le film Trenque Lauquen est lui-même conçu comme une pièce d’un grand puzzle que forme un ensemble de films où le même personnage mène des vies différentes, dans diverses villes de la province de Buenos Aires. le premier film de cette saga s’appelait Ostende (2011), du nom du village où il se déroulait, et c’était mon premier long métrage. Le personnage de Laura est toujours interprété par Laura Paredes et je suis, moi-même Laura, toujours réalisatrice.

Cela fait peut-être trop de Laura. Cette Laura traverse toute cette saga naissante comme une idée centrale : une sorte de Sherlock Holmes au féminin perdu dans les villes, avide d’aventures. c’est un composé de femmes d’un autre genre. des femmes qui poursuivent d’autres femmes. des femmes détectives. Des femmes scientifiques. des femmes qui, pour différentes raisons, s’enfuient. Des livres qui deviennent les cartes de leur vie. la maternité. La conquête du territoire. Des hommes amoureux. La noblesse de certains hommes. L’idiotie de ces mêmes hommes. la bureaucratie et les fleurs, la ville, les humains, les animaux, les plantes. l’inconnu…

De nombreux moments font penser aux écrits de Jorge Luis Borges, quelles ont été vos influences littéraires sur ce film ?

L. C. : Je ne peux pas prétendre être une experte de Borges au même titre que d’autres membres de Pampero Cine*, Mariano Llinás par exemple. En termes d’influences, notre collectif a toujours été associé à cette tradition littéraire, à son intérêt pour les récits multiples et labyrinthiques. un auteur que j’ai beaucoup lu en écrivant le scénario est l’écrivain chilien Roberto Bolaño. Je pense qu’il n’y a pas qu’une seule référence mais toute une cartographie littéraire. Quand j’ai commencé à imaginer ce projet, je suis partie de la figure du monstre. j’ai d’abord relu Frankenstein et j’y ai trouvé une chose que j’avais oubliée : ce moment, au milieu du livre, où le récit change de point de vue et adopte celui du monstre.

in DOSSIER DE PRESSE

* El Pampero Cine est un collectif argentin créé en 2002 et composé de quatre membres : Mariano llinás, laura citarella, Agustín Mendilaharzu et Alejo Moguillansky. ensemble, ils ont produit plus de vingt films. plus qu’une simple société de production, El Pampero se définit comme un groupe de personnes partageant le désir d’apporter de l’expérimentation et de l’innovation au système de production argentin. Ils ont participé à la renaissance du cinéma de leur pays à travers le mouvement du Nuevo Cine Argentino, aux côtés de cinéastes comme Pablo Trapero, Lucrecia Martel et Lisandro Alonso.