Le désir d’une femme veuve pour son jardinier dans l’Amérique puritaine des années 50. Expressionnisme des sentiments, virulence politique folle et raffinement plastique : tout le génie de Sirk.
Une veuve s’éprend de son jardinier plus jeune qu’elle mais cet amour est perçu de l’extérieur comme quelque chose d’offensant, qui met à mal la société, rediscute ses valeurs, ses règles. […] La beauté du film tient à ce que Sirk, en maître du mélodrame, spatialise cette opposition entre l’amour et le conformisme, entre l’immensité des sentiments et la petitesse des règles. […] Dans les années 1950, le cinéma est menacé par la télévision et pour les cinéastes, cette menace est philosophique : les passions et les sentiments se vivront désormais sur petit écran. Devant ce risque de voir les affects rétrécir et s’étioler, Douglas Sirk rétablit un gigantisme affectif propre au cinéma, un expressionnisme des sentiments.