RÈGLE 34

JULIA MURAT

La légendaire règle 34 d’internet stipule que si quelque chose existe, alors il y en a une version porno. Simone est étudiante en droit le jour, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, et camgirl la nuit, explorant ses fantasmes masochistes.

La Brésilienne Julia Murat (à qui l’on doit entre autres Les histoires n’existent que lorsque l’on s’en souvient, 1991) prend à bras-le-corps les questions de maltraitance et de liberté sexuelle à partir d’un scénario qui croise en permanence, mais sans jouer de la transposition facile, réflexion politique distanciée et évocation intime. Le portrait de Simone (interprétée par une formidable actrice, Sol Miranda, par ailleurs opposante à Bolsonaro), étudiante en droit qui exhibe moyennant finances ses pulsions masochistes sur internet, interroge sans cesse l’opportunité des règles – qu’il s’agisse de la loi ou des codes de la toile –, la notion de libre arbitre et les limites de la transgression. La narration défait peu à peu et en douceur ce face à face entre le diurne et le nocturne, entre ces deux mondes radicalement hétérogènes qui, pourtant, mettent en jeu de façon analogue les notions de loi et de désir. Nulle démonstration ou dogmatisme dans ce film de notre temps, mais plutôt une invitation, à travers le cheminement personnel de Simone, à refonder nos imaginaires intimes et politiques. Cérébral et d’une impudeur extrême, le film a été léopardisé par un jury – où officiaient notamment Alain Guiraudie et Laura Samani – qui a su goûter la pertinence de l’inconfort qu’il suscite.

AVERTISSEMENT CERTAINES SCÈNES DU FILM PEUVENT CHOQUER LES SPECTATEURS.