PETITE NATURE

SAMUEL THEIS

Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde…

Cette histoire d’un jeune homme sensible se sentant étranger dans une famille prolo et se sauvant par l’art, pourrait apparaître comme une sorte d’adaptation d’En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis, mais très vite les rapports se nuancent. La famille de Johnny ne se résume pas à sa violence. Et l’instituteur et sa compagne ne se révèlent pas si irréprochables qu’ils en ont d’abord l’air. Au lieu de les creuser le film assouplit les hiatus pour aller au cœur de ce qui l’intéresse véritablement : l’éclosion d’une personnalité irréductible à une catégorisation sociologique. Cela passe par une écriture subtile dans la manière de faire advenir les choses, où un certain sens du cadre et de la lumière s’oppose aux clichés formels du cinéma « naturaliste ».

MARCOS UZAL – CAHIERS DU CINÉMA, 10 JUILLET 2021