Akihiro, réalisateur japonnais, vient de Paris, où il vit, interviewer à Hiroshima des survivants de la bombe atomique. Profondément bouleversé par ces témoignages, il fait une pause et rencontre dans un parc une étrange jeune femme, Michiko. Petit à petit, il se laisse porter par la gaîté de Michiko et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville, jusqu’à la mer.
Le film commence par un témoignage bouleversant tant par son contenu que par son dispositif : Akihiro, Japonais de Paris venu à Hiroshima tourner un docu sur la mémoire de la bombe, interviewe une survivante, Madame Takeda, qui en un plan-séquence raconte dans le détail l’atroce matinée du 6 août 1945. Cette dernière expose ses souvenirs sans colère, avec courage, précision, et une émotion d’autant plus puissante qu’elle est maîtrisée. On se demande rétrospectivement si Madame Takeda était une vraie survivante ou un personnage joué par une actrice, et on saisit que la séquence était pour Périot un sas de transition entre son précédent film, documentaire, et la fiction qui émerge. Akihiro rencontre alors une autre femme, Michiko, spontanée, fantasque, souriante. Ils parlent de la ville, déambulent, vont manger un morceau, puis Michiko propose qu’ils prennent le train jusqu’à la mer. La balade d’Akihiro et Michiko est à la fois légère et grave, fragile et intense, mise en scène avec beaucoup de grâce et de simplicité dans une zone indécidable entre amitié naissante, début d’histoire d’amour, brève rencontre et approches comparées de l’usage de la mémoire. La légèreté et la gravité, c’est aussi la tension qui existe entre un événement incommensurable tel qu’Hiroshima et la nécessité de continuer à vivre. Ni amnésie, ni écrasement paralysant, telle est la dialectique qui se pose aux survivants après les grandes atrocités de l’histoire. Périot apporte à cette tension une réponse poétique et cinématographique superbe.