Dans une maison isolée au milieu d’une plaine d’Iran, un homme vit seul avec son fils alité. Un jour, le transformateur de la maison tombe en panne. Un électricien vient pour le réparer. Une pièce manque, il part à sa recherche qui sera semée de rencontres et d’obstacles…
De ce maigre argument, Hadi Mohaghegh, qui incarne lui-même le personnage principal, tire une épopée miniature. Les embûches autant que les solutions, les transactions financières autant que les gestes d’entraide, emplissent la durée et les silences de ce qui, peu à peu, prend la forme d’une méditation sur la bonté. En filmant patiemment tout ce qui se monnaye, le cinéaste réussit, par contraste, à magnifier avec douceur, sans éclat, presque en secret, ce qui n’a pas de prix : une main tendue, un service qui n’attend pas de rétribution, le temps qu’il faut pour prendre soin des autres, fussent-ils des inconnus. Il n’y a aucun geste de gratitude dans L’Odeur du vent, parce que le film voudrait nous réapprendre qu’il n’est nul besoin d’en attendre pour donner. Ainsi L’Odeur du vent a-t-il la saveur d’une fable sans jamais perdre sa force d’incarnation : en ne cessant de rendre visible l’entraide, d’inscrire son fonctionnement dans la chair du paysage, le cinéaste nous met au défi d’y croire pour de bon.