Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.
Bien que dans le film tout soit «vrai»: le travail de mon père, les crocodiles qu’il nous a offerts, la bague dessinée pour ma mère, mes lectures de Fantômette… Et bien qu’on ait tourné sur la base militaire où j’ai vécu enfant. Je me suis projeté dans la fiction comme si tout cela n’avait jamais existé et que tout se jouait pour la première fois. Ce que j’ai essayé de faire, c’est de mettre mes souvenirs en perspective non pas pour trouver une vérité historique ou autobiographique, mais plutôt pour créer un monde sensoriel, celui de Thomas. Une conscience naissante qui découvre les choses sans toutefois les comprendre tout à fait. […] Le film épouse l’imaginaire de l’enfant fait de rêverie exotique, de détails qu’il perçoit comme excitants ou menaçants, de ouï-dire où transparaissent les événements historiques. Du coup certaines scènes, comme l’exorcisme de Bernard, ont un statut ambigu, sans qu’on sache quel est leur degré de réalité ou de fantasme. De ce point c’est moins un film historique que la traversée sensorielle de cette période. Je voulais retrouver une logique de rêve dans l’enchaînement des scènes comme si une parole entendue ou une matière pouvaient entraîner une autre séquence. Un peu comme les graviers du mess des officiers amènent les pierres semi-précieuses que Thomas achète pour sa mère. Ce sont presque des galeries souterraines qui courent sous la surface du film. ROBIN CAMPILLO in DOSSIER DE PRESSE