Russie, XIXe siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et la jeune femme est violemment rejetée.
Serebrennikov endosse avec frénésie le point de vue de la suppliciée. Il met sa virtuosité tourbillonnante, au service de cette chute, qui est aussi une résistance. Antonina est méprisée en tant que femme dans une époque et une société patriarcales. Elle est rejetée en tant qu’épouse. Et tenue pour quantité négligeable. Mais sa puissance tient à la force de son désir pour Tchaïkovski. Un désir tout sauf éthéré, et qui tend vers l’infini au fur et à mesure que le compositeur se dérobe, puis cherche à se débarrasser de sa femme. Par son ampleur tragique, et l’énigme de cette vie à la fois gâchée et embrasée, le film esquisse une véritable métaphysique de la passion amoureuse. LOUIS GUICHARD – TÉLÉRAMA, 19 MAI 2022