Le personnage principal, le seul – même s’il est presque invisible – est Hélène. C’est la voix off de tout le film. Une voix jeune, vive, presque joyeuse. Le Paris de l’occupation est celui de sa jeunesse, entre avril 1942 et février 1944. Hélène vient de fêter ses vingt-et-un ans quand elle commence à écrire. Le récit d’Hélène Berr montre au jour le jour, dans la splendeur de Paris, une jeune femme juive, brillante, à la sensibilité à vif, qui décrit sans s’appesantir, en même temps que les joies et les tourments de sa jeunesse, l’ombre qui gagne, les ténèbres qui montent…
Illustration du journal d’Hélène Berr, étudiante morte dans un camp en 1945 : télescopage bouleversant entre mots et images d’archives.
La plus grande beauté du film est de faire que les mots d’Hélène Berr, dépossédée de sa propre vie, à l’âge de vingt-et-un ans, reprennent intégralement possession d’une ville dont elle fut progressivement exclue. Quel film, dont la scandaleuse douceur doit nous servir de viatique dans l’intelligence du temps présent.
JACQUES MANDELBAUM – IMAGES DOCUMENTAIRES